Neurolixis : des médicaments innovants pour les maladies du cerveau
Neurolixis est une « Jeune Entreprise Innovante » de biotechnologie qui cible la découverte et le développement de nouvelles molécules pour le traitement des maladies du système nerveux central, en particulier la maladie de Parkinson, le syndrome de Rett et la dépression.
Accompagné depuis 2014 par la Technopole, et venant tout juste de contribuer au lancement de l’essai clinique du candidat médicament NLX-112 dans la maladie de Parkinson, Adrian Newman Tancredi, PhD, DSc et PDG de Neurolixis a accepté de répondre à nos questions alors qu’il franchit une des étapes majeures dans l'avancement de ce projet.
CMT – Adrian, si tu veux bien nous retracer tout d’abord les grandes lignes de ton parcours professionnel ?
J’ai toujours été passionné par la recherche pharmaceutique : après avoir suivi une formation doctorale en pharmacologie au Royaume Uni, mon pays d’origine, j’ai intégré les laboratoires Servier en région parisienne. Par la suite, j’ai dirigé une équipe de recherche en Neurobiologie chez Pierre Fabre, avant de me lancer dans la start-up Neurolixis, que je dirige actuellement.
CMT – Quelle est l’origine de NEUROLIXIS ? Le nom a-t-il une signification ou une histoire ?
La société est née du désir de capitaliser sur les avancées des travaux que j’avais dirigés chez Pierre Fabre. C’est pourquoi, avec l’accord de Monsieur Pierre Fabre en 2013, nous avons conclu une licence d’exploitation pour deux molécules issues de la recherche du Centre de Péraudel, à Castres (NLX-112 et NLX-101). Le nom Neurolixis se compose de deux éléments : ‘neuro’ qui fait allusion aux neurosciences, et ‘lixis’ qui rappelle la notion d‘un ‘élixir’, une substance mythique capable de prolonger la vie.
CMT – En quelques mots, quelles pathologies sont ciblées par NEUROLIXIS ?
Neurolixis développe des molécules pour trois maladies : la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative qui touche environ 200 000 personnes en France, le syndrome de Rett une maladie orpheline d’origine génétique qui touche les filles depuis un très jeune âge, et la dépression, un trouble qui peut être dramatique (risque de suicide) et qui a un grand impact socio-économique. Pour chacune de ces maladies, les traitements actuels sont insuffisamment efficaces et/ou mal tolérés. Il y a donc un grand besoin de médicaments innovants et prometteurs, comme ceux de Neurolixis.
CMT - On entend tous parler de biotech, notamment dans le contexte actuel, mais concrètement quelles sont vos activités au quotidien ?
Nous sommes 5 salariés (3 en France, 2 aux USA) et nous agissons en tant que manageurs de projet, en collaboration étroite avec des collaborateurs et prestataires extérieurs. Nous passons beaucoup de temps en visioconférence, dans la préparation de dossiers expérimentaux et cliniques et dans l’écriture d’articles scientifiques dans des revues internationales. Une partie importante de notre travail consiste également à interagir avec des fondations de recherche qui investissent dans nos projets. Par exemple, le projet Parkinson a fait l’objet de financements de la part des deux plus grandes fondations internationales spécialisées dans cette pathologie : la Fondation Michael J Fox aux USA et la fondation Parkinson’s UK en Angleterre. Leur soutien nous apporte une forte crédibilité.
CMT- On comprend bien que vous pilotez le développement de vos molécules à travers plusieurs collaborations scientifiques notamment à l’étranger. Peux-tu nous en dire plus sur cette stratégie et cette gestion « worldwide » ?
Le développement de nouveaux médicaments fait appel à des compétences en chimie, pharmacologie, galénique, clinique, propriété intellectuelle (brevets) et affaires règlementaires. Nous travaillons avec des acteurs spécialisés dans ces divers domaines qui peuvent se trouver aussi bien dans différents pays européens, qu’ en Amérique ou même en Australie. L’essai clinique du NLX-112 sur la maladie de Parkinson se déroule actuellement en Suède, tandis nous collaborons de près avec une équipe en Pologne sur le projet dépression. Au niveau local, nous avons une collaboration fructueuse avec la SAS O2Kem, une entreprise de chimie qui est également suivie par la technopole de Castres-Mazamet, et demeurons en contact avec le laboratoire Pierre Fabre.
CMT – Le développement pharmaceutique est toujours très long et très couteux. As-tu quelques chiffres clés de la société qui illustrent cela à nous donner ?
Typiquement, le développement d’un nouveau médicament pour une grande indication de neurologie, telle que la maladie de Parkinson, peut prendre une quinzaine d’années et coûter plusieurs centaines de millions d’euros pour le mettre sur le marché. Nous avons déjà levé une dizaine de millions d’euros au total, dont la moitié pour développer le NLX-112, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
CMT – Jusqu’où penses-tu pouvoir porter le développement des molécules que vous avez en portefeuille ? est-ce utopique de penser que vous puissiez aller jusqu’à la mise sur le marché ?
Cela dépend des indications thérapeutiques : pour la maladie de Parkinson ou la dépression, les essais cliniques plus avancés seront d’une grande envergure et nécessiteront des investissements qui sont au-delà de la capacité financière de Neurolixis. En revanche, pour une maladie orpheline, telle que le syndrome de Rett, les patients sont peu nombreux et les exigences règlementaires sont beaucoup plus souples. Ce n’est donc pas utopique de penser que Neurolixis puisse avancer une molécule jusqu’à la mise sur le marché pour une telle indication.
CMT – Entre les brevets, les publications et les collaborations scientifiques prestigieuses, tu es une vraie « star » sur internet. Quelle est ta plus belle fierté sur le plan scientifique ?
Je ne me considère pas comme une star, mais j’ai été très privilégié d’avoir pu travailler avec des équipes de recherche d’un excellent niveau scientifique, chez Servier, Pierre Fabre et, actuellement, Neurolixis. La réussite scientifique est d’abord une question de collaboration efficace et créative entre chercheurs qui s’entendent bien ! A plus long terme, je serais surtout fier si une des molécules de Neurolixis devient un médicament approuvé et qu’il apporte un bénéfice aux patients qui en ont grand besoin.
CMT - NEUROLIXIS fait partie des plus anciennes entreprises passée en pépinière et encore suivie par la Technopole (2014), que vous apporte cet accompagnement ?
L’accompagnement de la Technopole a été, et reste encore, un soutien précieux pour Neurolixis : notre implantation dans le bassin castrais nous tient très à cœur. Concrètement, cet accompagnement nous apporte des conseils experts dans la préparation de dossiers de financement, l’opportunité de participer à des séminaires sur des thèmes pertinents pour des PME et aussi de la visibilité auprès d’autres acteurs économiques dans le Tarn et la région.
CMT – Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton quotidien de dirigeant d’entreprise ?
Un des éléments enthousiasmants dans une petite entreprise comme Neurolixis est la grande diversité des interactions : on peut commencer la journée par la lecture d’un article scientifique, enchainer avec une visioconférence avec des collaborateurs dans une équipe universitaire ou privée à l’autre bout du monde, puis planifier un protocole d’essai clinique et faire le point avec les collègues de Neurolixis en France et aux USA. Cette diversité d’interactions fait que les journées sont très chargées mais aussi extrêmement riches.
CMT – Et le moins … ?
Les nombreuses interactions font que les appels, les mails, les dossiers réclament constamment de l'attention, ce qui n’est pas toujours facile à gérer. Il faut savoir prioriser et se donner des moments de repos.
CMT – Enfin quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux jeunes dirigeants qui se lancent dans la création d’entreprise plus spécialement dans le secteur de la santé ?
Surtout, rester focalisé sur l’objectif fondamental qui est, et doit rester, d’apporter un bénéfice aux patients. C’est un grand privilège de notre secteur d’activité que d’avoir une finalité qui soit aussi motivante.
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