E-santé : De quoi parle-t-on ?

E-santé, télésanté, télémédecine, cyber santé, télématique de santé, TIC Santé… La littérature a longtemps regorgé d’expression consacrée à la santé « connectée » ou « numérique » et la traduction française de termes utilisés dans la littérature anglo-saxonne est venu ajouter une certaine confusion sémantique.

 

Conscient des enjeux et du développement de ces activités, l’Organisation Mondiale de la Santé s’est très tôt efforcé (dès 1996) de définir les différentes notions qui apparaissent dans la littérature. Selon l’OMS la e-santé se définit comme « les services du numérique au service du bien-être de la personne » qu’il faut distinguer de la télémédecine « composante à part entière de la médecine, qui met en œuvre des moyens de télécommunications numériques permettant à des professionnels de santé de réaliser à distance des actes médicaux »1. Toujours pour l’OMS, le terme télésanté concerne l’application des systèmes de communication pour protéger et promouvoir la santé.

 

En France, le terme Télémédecine est le seul terme qui a longtemps bénéficié d’une définition légale avant que la loi du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé consacre les termes de télésanté et de télésoin.

 

Cependant, il n’existe toujours pas de définition officielle du concept de e-santé avec, comme le reconnait le Conseil National de l’Ordre des Médecins, des « frontières… de plus en plus brouillées dans le monde de la santé connectée » ou « il devient difficile, voire aléatoire, de faire une distinction absolue entre les dispositifs » 2.

 

Quoiqu’il en soit, le terme e-santé s’est aujourd’hui banalisé pour qualifier tout ce qui contribue à la transformation numérique du système de santé et qui s’est répandu par analogie à l’e-commerce. Ainsi, la e-santé intègre le concept de télémédecine mais aussi tous les services à la personne liés à la société de l’information, notamment du commerce électronique (télésurveillance sociale au domicile, télé-observance des dispositifs médicaux, objets connectés en santé, réseaux sociaux, serious game, formation en ligne, les systèmes d’information pour la coordination des soins, les sites internet santé, la mobile santé (applications smartphone), les services de quantified self…).

E-santé : Où en est-on ?

Aujourd’hui les pouvoirs publics considèrent que la transformation du système de santé ne pourra avoir lieu sans un développement massif et cohérent du numérique en santé qui est un des 10 chantiers prioritaires du plan Ma Santé 2022. Une feuille de route « Accélérer le virage numérique » a été rédigé avec 5 grandes orientations comprenant 26 actions à mettre en place. Ces orientations ont été consacré dans le Titre III de la loi du 24 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé intitulé « Développer l’ambition numérique en santé », avec 3 axes principaux :

  • Innover en valorisant les données cliniques
  • Doter chaque usager d’un espace numérique de santé
  • Déployer pleinement la télémédecine et le télésoin

Un environnement riche depuis plus de 15 ans

Le territoire de Castres-Mazamet a pris le pari d’une excellence dans le secteur de la e-santé qui est devenu, depuis, une filière de développement stratégique de l’Etat. Quelles sont les forces en place ? C’est d’abord un réseau de communication puissant qui a incité au développement de services numériques bien avant que l’on ne parle de smart city. C’est un jeune opérateur de stockage massif de données qui génère du débit dans le réseau de communication et qui peut donner une valeur active au patrimoine informationnel dont il a la charge. C’est un jeune hôpital intercommunal pensé et construit dans un esprit d’ouverture avec un intérêt marqué pour les technologies de l’information et de la communication. C’est une jeune école d’ingénieurs en informatique, originale, puisqu’étant la seule sur le territoire national à inscrire le terme santé dans son nom. A cette base solide, vient se greffer un tissu industriel au premier rang duquel il y a un grand laboratoire pharmaceutique qui anticipe les évolutions du système de santé, et par sa vision, accompagne ce développement d’une intelligence collective locale dans un jeu coopératif gagnant-gagnant.

 

Mais les contributions de chacun ne constitueraient pas une force suffisante pour être en mesure d’infléchir l’histoire industrielle d’un territoire si elles n’étaient pas coordonnées et engagées avec à propos dans le projet commun. La Technopole joue ce rôle. Elle s’inscrit dans les réseaux d’innovation qui comptent à l’échelle internationale. Elle anime le cercle e-santé réunissant régulièrement les compétences des acteurs pour co-construire les actions territoriales. Elle incite à l’innovation et à la création d’entreprises par son prix d’implantation dont le centre d’intérêt est la e-santé, et par le relais qu’elle offre aux étudiants de l’enseignement supérieur pour se lancer dans l’aventure des jeunes pousses. Enfin, annuellement, elle rassemble et met en valeur les acteurs de la santé de demain lors de son Université de la e-santé organisée depuis 16 ans.

 


1- Dans ce sens, dès 1998 le Docteur Fernado Antezema, Directeur Général de l’OMS, demandé que soit réservée l’appellation « télémédecine » aux seules actions cliniques et curatives de la médecine utilisant les systèmes de télécommunication

2- CNOM, Santé connectée : de la e-santé à la santé connectée, le livre blanc du Conseil National de l’Ordre des médecins, janv. 2015, https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cn_pdf/janvier2015/master/sources/index.htm